Louise Brooks est une des icones des années 20 et au-delà. Actrice fabuleuse mais légèrement oubliée de nos jours, il me tenait à cœur de lui rendre un petit hommage.
Elle et moi portons le même prénom et ceci me ravît, mais c’est surtout le parcours de quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de tendresse que je voudrais partager avec vous aujourd’hui.
Curieux de connaitre un peu plus sur la vie de la belle Louise ? Lisez ce qui suit !
Ce nom, Louise Brooks, ou affectueusement Loulou est parvenu jusqu’à nous grâce aux historiens français du cinéma, et à Henri Langlois avec sa déclaration : « Il n’y a pas de Garbo ! Il n’y a pas de Dietrich ! Il n’y a que Louise Brooks ! ». C’est eux qui ont rétabli son image en tant qu’actrice vers le début des années 1950. En effet, la plus belle actrice naturelle de son temps a connu des hauts et des bas et plusieurs rebondissements au cours de sa carrière, voire de sa vie.
Revenons sur les traces de cette star américaine égocentrique à caractère difficile qui avait l’âme à la fois gentille et généreuse. Celle que ses collègues qualifiaient de rebelle et de révoltée née. Celle qui nous séduit par son sourire éblouissant à l’écran malgré qu’elle ait juré de ne jamais sourire face à une caméra à moins d’y être obligée. Entre ses aventures de femme libre et ouverte aux expériences et sa solitude profonde.
À travers son enfance et sa passion d’adolescente, sa carrière de danseuse et d’actrice, sa renaissance, qu’elle appelle sa seconde vie, sa spiritualité et l’art qui en découle, et sa reconversion jusqu’à la fin de sa vie. Et tout ce qui a fait d’elle ce personnage mythique que les artistes continuent de rendre hommage à travers leurs œuvres même si elle n’a pas reçu d’oscars de son vivant.
Une enfance perturbée
Mary Louise Brooks est née le 14 novembre 1906 à Cherry Valée — Kansas aux États-Unis. Sa mère était une pianiste talentueuse qui lui jouait du Debussy et Satie dès sa plus tendre enfance. Ses parents voulaient ainsi l’introduire au goût des livres et de la musique.
Elle recevait alors très tôt, une éducation de danse classique stricte. Même si au départ, elle le faisait pour complaire à sa mère, elle ne tarda pas à rêver d’avoir sa place au rang d’Isadora Duncan et de Martha Graham, de grandes danseuses de l’époque. Pendant cette période, les parents de la petite Louise étaient souvent absents et ne purent la protéger des abus sexuels perpétrés par un de leurs voisins alors qu’elle n’avait que 9 ans.
Ces incidents répétés ont grandement influencé sa carrière et profondément atteint sa personnalité. Elle le reconnaitra plus tard en affirmant être incapable d’aimer vraiment, même pas elle-même, malgré ses cheveux raides et ses taches de rousseur.
La passion de son adolescence
La carrière d’artiste de Louise Brooks commence en 1920 alors qu’elle n’est qu’une adolescente. Ses rêves prennent forme lorsqu’elle intègre la compagnie de danse moderne de Denishawn à Brodway, la compagnie même où jouait son idole Martha Graham ainsi que Ruth Saint Denis et Ted Shawn. À 16 ans, après seulement une séance de cours, elle est recrutée pour de longues tournées en Amérique.
Elle rencontre son premier triomphe dans le spectacle chorégraphique de danse contemporaine « Les Sept Portes d’Ishtar » à 17 ans à peine.
Son succès fut de courte durée, car elle quitte cette troupe élitiste de danse prématurément. La version officielle dénonce son caractère trop obstiné qui ne convient pas à cette organisation marquée par un idéal oriental antique et mystique grec. Le fait est que même à cet âge précoce, elle avait déjà atteint une maturité sexuelle et elle ne s’en cachait pas.
Cette conduite allait à l’encontre du règlement puritain fixé au sein du groupe.
Elle prit le temps de rebondir après une période de déprime et sollicita ses amis les plus influents pour relancer sa carrière. Elle eut un rôle de danseuse dans la troupe légère des Scandal’s à Brodway.
Elle partit ensuite pour Paris, puis à Londres où elle vécut les folles années 1920. À 18 ans, elle était engagée comme « girl » pour performer des danses exotiques devant les lords anglais Charleston et Black Bottom.
Les péripéties de sa carrière d’actrice
Elle ne mit pas trop longtemps pour retourner à Brodway où elle intègre, en 1925, la troupe Ziegfeld Follies. Le producteur Walt Wanger des studios américains, à l’époque basés à New York, la remarque immédiatement. Et ce fut le grand tournant de sa carrière, en même temps qu’elle continue à s’instruire dans la lecture des œuvres de grands philosophes allemands et d’écrivains français. Elle passe de la danse légère à la comédie érotique.
Elle se consacre désormais à sa casquette d’actrice hollywoodienne en signant avec les studios Paramount Pictures. Elle joue notamment dans des films muets avant d’obtenir le rôle principal dans des comédies légères et ne tarde pas de se faire repérer par des producteurs européens.
Elle enchaine les rôles dans les films aux scènes poignantes et qui ont une approche crue, voire provocante, des pratiques de l’époque. Ses films d’exhibition bousculent les mœurs. En effet, elle traite de la sexualité avec un ton assez sévère envers la société. Évidemment, elle ne fit pas l’unanimité et beaucoup de ses films s’en trouvèrent censurés, car jugés choquants et à affichage trop sexuel.
C’est sa coiffure si unique, devenue sa marque de fabrique, qui a lancé sa notoriété. De cette coiffure si particulière est même né un mouvement d’envergure internationale : les flappers ou les garçonnes. La « coiffure Louise Brooks » devient à la mode et gagne les cœurs des adolescentes et puis des petits enfants, filles et garçons en Europe d’avant-guerre.
Sa carrière à Hollywood prend fin en 1929 lorsqu’elle refuse de participer à la sonorisation du film The Canary Murder Case. Elle repart alors pour l’Europe où elle connait encore un succès relatif.
Quand elle revient enfin en Amérique, c’est le krach boursier et les flappers ne sont plus en vedette et disparaissent peu à peu des écrans. Elle devra alors se contenter de petits rôles dans des films mineurs et dont les cachets sont nettement réduits.
Elle se retire du showbiz en 1938, fatiguée de jouer dans des séries B. Elle vécut un temps à Los Angeles avant de retourner chez ses parents à Wichita en 1941. Elle y ouvrit une modeste école de danse, mais qui ne rencontre pas un grand succès.
La seconde vie de Louise Brooks
Elle se retrouve au plus bas quand elle retourne à New York où elle vit de son salaire de vendeuse dans un magasin de Saxophone sur la Cinquième Avenue. Elle dût même travailler comme call-girl. Comble du malheur, elle fréquente les bars et sombre dans l’alcool.
Elle parvint à s’en extirper grâce à la foi. Elle développe une foi chrétienne avec un profond mysticisme et commence alors sa seconde vie dans la peinture et l’écriture. Elle affirmera plus tard qu’elle trouva dans l’écriture une passion aussi vive que celle qu’elle avait pour la danse dans son adolescence.
Du côté de la peinture, elle avait à son actif des toiles représentant Sainte Thérèse de Lisieux, Sainte Thérèse d’Avila, mais aussi des Sâdhus indiens en méditation.
Elle trouva du travail en tant que journaliste associée et libre grâce à un ami de longue date. Elle livrait des articles sur le cinéma de l’entre-deux-guerres et cela lui permettait de gagner mensuellement quelques centaines de dollars dès 1942. En parallèle, elle tente d’écrire une première autobiographie qu’elle finit par brûler sans avoir publié.
Une reconversion derrière la caméra
Après sa réhabilitation en 1950, James Card la persuade de retrouver le monde du cinéma, mais cette fois-ci grâce à son talent d’écrivaine et en tant que scénariste, et elle était franchement bonne à ce jeu-là aussi.
Marie Louise Brooks loin des feux des projecteurs
En dehors de sa carrière, Louise brooks était une femme profondément seule. Elle s’est mariée 2 fois, sans trop de succès et n’eut pas d’enfant. Son premier mariage avec le réalisateur A. Edward Sutherland s’est soldé par un divorce après un an. Selon la presse, ils n’auraient connu que quelques semaines de vie commune. Son deuxième mariage avec le millionnaire Deering Davis aura duré 5 mois. La procédure de divorce prendra 4 ans et elle ne lui réclamera aucune compensation, aucune pension alimentaire.
Après son deuxième divorce, elle a choisi de rester seule. Après avoir longtemps souffert d’arthrite et d’emphysème, elle succombe d’une crise cardiaque. Elle mourut le 08 août 1985 à Rochester, New York, à l’âge de 78 ans.
La filmographie de Louise Brooks
Le nom de Louise Brooks apparait dans une riche liste de films muets.
En 1925, elle joue dans L’École des mendiants ou Le Roi des mendiants (The Street of Forgotten Men) de Herbert Brenon (non créditée),
En 1926, elle obtient des rôles dans :
- Vénus moderne (The American Venus) de Frank Tuttle en tant que Miss Bayport,,
- Le Galant Étalagiste (Love ’Em and Leave ’Em) de Frank Tuttle comme Janie Walsh
- Au suivant de ces messieurs (À Social Celebrity) de Malcolm Saint Clair dans la peau de Kitty Laverne,
- En incarnant le personnage de Mildred Marshall, dans Un conte d’apothicaire (It's the Old Army Game) de A. Edward Sutherland,
- Moi (The Show Off) de Malcolm St. Clair avec Ford Sterling, Lois Wilson en jouant Clara, Joe’s Girl,
- Just Another Blonde d’Alfred Santell donnant vie au peronnage Diana O’Sullivan.
En 1927, elle prête son charme dans :
- Un homme en habit (Evening Clothes) de Luther Reed comme Fox Trot,
- Frères ennemis (Rolled Stockings) de Richard Rosson en tant que Carol Fleming,
- Now We're in the Air de Frank R. Strayer avec W. C. Fields dans le rôle de Griselle,
- La Cité maudite (The City Gone Wild) de James Cruze interpretant Snuggles Joy.
En 1928, elle joue dans :
- Une fille dans chaque port (À Girl in Every Port) de Howard Hawks dans le rôle de Marie, en France, et
- Loulou (Die Büchse der Pandora) de Georg Wilhelm Pabst comme Lulu.
En 1929, elle incarne Thymian dans Le Journal d’une fille perdue ou Trois pages d’un journal (Das Tagebuch einer Verlorenen) de Georg Wilhelm Pabst.
Elle trouve également sa place dans les films parlants.
En 1928, elle obtient quelques scènes parlantes dans le rôle de la femme (Nancy) dans Les Mendiants de la vie (Beggars of Life) de William A. Wellman,
En 1929 dans Le Meurtre du canari (The Canary Murder Case) de Malcolm St. Clair et Frank Tuttle, qui est un film muet sonorisé, elle joue Margaret O’Dell (the Canary),
En 1930, dans le film muet sonorisé Prix de beauté de Augusto Genina, elle incarne Lucienne Garnier,
4 films en1931 :
- Dans It Pays to Advertise de Frank Tuttle : Thelma Temple,
- Dans God’s Gift to Women de Michael Curtiz : Florine,
- Dans Windy Riley Goes Hollywood (court-métrage) de Roscoe « Fatty » Arbuckle : Betty Grey, et
- Dans Who’s Who in the Zoo.
En 1936, dans :
- Hollywood Boulevard de Robert Florey, en tant que Joyce Beaton, et
- Empty Saddles de Lesley Selander : « Boots » Boone.
En 1937 elle joue dans :
- Le Cœur en fête (When You're in Love) de Robert Riskin et Harry Lachman (scènes supprimées), et
- King of Gamblers ou l’Homme qui terrorisait New York de Robert Florey.
En 1938, elle obtient le rôle de Beth Hoyt dans Overland Stage Raiders de George Sherman.
Louise Brooks à l’honneur : clins d’œil des autres artistes
Ses contemporains reconnurent son talent et ont déjà commencé à lui rendre hommage de son vivant. Ainsi, en 1955, la cinémathèque française de paris prépare un évènement intitulé : « hommage à Louise Brooks » à l’occasion des « 60 ans du cinéma ».
En 1962, Jean-Luc Godard lui rend hommage dans Vivre sa vie, à travers Anna Karina.
En 1983, une nouvelle version de son autobiographie, cette fois-ci raccourcie, intitulée « Lulu in Hollywood » a été publiée aux éditions Pygmalion, dans une collection dirigée par Maurice Bessy.
En 1984, un documentaire signé Richard Leacock lui est consacré avec le titre « Lulu in Berlin ». Le film comporte une conversation avec la célèbre actrice Louise Brooks qu’il avait rencontrée personnellement à Rochester. Elle avait alors 67 ans.
Peu après la mort de l’actrice Louise Brooks, le saxophoniste américain John Zorn lui rend hommage en publiant son album de reprises de hard bop auquel il donne le titre de « News for Lulu » en 1988. La pochette contient une photo tirée d’une scène du film Loulou. Le titre de l’album fait lui-même partie des standards de jazz, interprétés par John Zorn : « New for Lulu », une chanson de Sonny Clark. En 1992, son nouvel album fait suite au précédent avec comme titre « More news for Lulu ».
En 1991, c’est au tour du groupe britannique Orchestral Manœuvres in the Dark de lui rendre hommage dans son album Sugar Tax, avec la chanson Pandora’s Box, en référence au film Loulou (1929). Le clip vidéo montre à de nombreuses reprises des plans de Louise Brooks, extraits du même film.
En 1998, un autre documentaire pour parler de Louise Brooks intitulé « Looking for Lulu » est dévoilé. Il est Réalisé par Hugh Munro Leely, avec la narration de Shirley MacLaine. Le film dresse un portrait de l’actrice à travers des interviews réalisés auprès de ces amis tels que Dana Delany, Francis Lederer, Roddy McDowall…
En 2007, l’écrivain Roland Jaccard lui consacre une biographie, intitulé « Portrait d’une flapper ». Il est effectivement bien placé pour en parler puisqu’il a eu la chance de la connaitre de son vivant.
En Littérature, Louise Brooks est au centre du live « Embrassez-moi » de Katherine Pancol qu’elle a publié en 2003. L’auteur fait découvrir la vie d’artiste et de femme, les rencontres et les amours, mais surtout les blessures qui ont émaillé toute l’existence de Louise Brooks à travers des dialogues entre l’héroïne et l’actrice.
Même longtemps après sa mort, les différents artistes des disciplines variés rendent hommage à cette femme d’exception à travers leurs œuvres :
Dans le milieu de la Musique, nous pouvons compter :
- Le groupe français de rock Lady Godiva sort son 1er album en 2000. Il le nomme Louise Brooks Avenue sur lequel se trouve la chanson titre Louise Brooks. Le groupe fait d’ailleurs partie de la Louise Brooks Society.
- Le chanteur de Placebo, Brian Molko, a donné à son Fender Jaguar le nom de « Louise » en l’honneur de Louise Brooks. Sa guitare est décorée d’un autocollant à son effigie.
- Vanessa Paradis incarne à quelques reprises Louise Brooks s’amusant avec un sautoir, dans son clip L’Incendie1 (2008), inspiré des années 1920-1930.
Dans le cercle de la Bande dessinée :
- En 1968, l’auteur de bande dessinée italien Guido Crepax trouva en Loulou son inspiration pour le personnage de Valentina.
- En 1977, Hugo Pratt s’inspira d’elle pour créer le personnage de Louise Brookszowyc, une Polonaise vivant à Venise, dans l’album Fable de Venise, de la série Corto Maltese.
- Louise et les loups, éditions Cheap Sheep Ship, 2012 (ISBN 978-2-9542884-0-6) par Marion Mousse,
- Louise, le venin du scorpion, éditions Casterman, 2016 (ISBN 978-2203118362), par Joël Alessandra et Chantal Van den Heuvel,
Dans la publicité,
En 1987, Cacharel s’inspire du personnage de Louise Brooks pour créer le parfum Loulou et pour diriger toute sa campagne de publicité.
L’héritage de Louise Brooks
De nos jours encore, elle est considérée comme l’une des plus grandes figures du cinéma américain. Source d’inspiration des plus grands, même après la fin de sa carrière on retiendra surtout son style indémodable. Visage angélique, coiffure unique et robe charleston sur le dos, elle incarne la féminité de la première partie du 20ième siècle.
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